Le problème des eaux usées
Cet épisode fait partie de la série d’articles « eau & textile font-ils bon ménage ». Si cela vous intéresse, je vous invite à consulter les épisodes précédents. Bonne lecture !
Une pollution de l’eau à chaque étape de la chaîne
Que ce soit lors de la teinture, de l’impression ou lors des nombreuses opérations que subit le tissu lors de sa fabrication, toutes ont un point commun : elles permettent d’avoir un vêtement qui tiendra dans le temps, au fil des lavages.
Pour ceci, c’est donc le passage obligé dans divers bains chimiques permettant de fixer la couleur, puis des lavages répétés pour obtenir une matière prête à être manufacturée. Le problème est que la grande variété de ces substances rend la dépollution de l’eau à la sortie des usines très. « L’eau constitue le principal vecteur pour éliminer les impuretés, appliquer les colorants et produits d’apprêt, ainsi que pour générer de la vapeur. La quantité et la charge chimique importante des effluents générés constituent ainsi la préoccupation première de l’industrie textile. Les impacts environnementaux les plus importants sont dus (dans cet ordre) aux sels, détergents et acides organiques. » (source).
Plus qu’une réglementation, un véritable enjeu pour l’environnement
Cependant, si cet assainissement n’est pas effectué, ces eaux souillées sont un grand danger pour l’homme et l’environnement. C’est donc un véritable défi de les traiter correctement pour les rendre de nouveau propres à la consommation.
Le seuil de tolérance dépend bien sûr des pays et de la réglementation appliquée. En France, on estime que la filière textile traite 500 000 tonnes de tissu par an avec une production d’eaux usées de l’ordre de 100 millions de m3 d’eau. Étant donné que l’essentiel de la production mondiale est plutôt délocalisée en Asie, on peut vite imaginer les quantités énormes d’eau qui sont rejetées. Que ce soit dans le choix des produits utilisés dans l’industrie ou concernant les rejets industriels, la réglementation est très inégale "Certains des produits chimiques utilisés dans les teintureries indiennes sont en fait interdit en Europe – une énigme pour ceux d’entre nous qui portent des vêtements importés”, explique Virginia Newton-Lewis, analyste principale des politiques chez WaterAid à Vogue.
Quelles solutions pour traiter ces eaux usées ?
Il existe de nombreuses techniques pour dépolluer l’eau afin d’éradiquer le maximum de matière polluante : absorption par du charbon, décantation, filtration, traitements chimiques, décoloration par des champignons, algues, levures ou bactéries… Cependant, même si celles-ci sont éliminées de l’eau, elles ne disparaissent pas pour autant. Pour ce qui est des déchets solides tels que les « boues », il faut encore qu’elles soient traitées correctement. Enfin, il faut aussi savoir que malgré toutes les dépollutions possibles, il restera toujours des résidus dans l’eau.
Un chemin encore long…
La complexité de ces traitements, l’investissement et le manque de réglementation dans de nombreuses régions du monde pousse de nombreuses usines à rejeter de manière illégale des eaux non traités, polluant ainsi des zones entières avec des conséquences désastreuses pour les habitants et l’environnement. Dans le documentaire Arte « Fast-Fashion, les dessous de la mode à bas prix » on découvre par exemple les conséquences de l’industrie de la viscose en Inde, un constat bien sombre...
La réglementation est très inégale sur l’ensemble de la chaîne de production. Même si un textile est confectionné en Europe, il peut tout à fait avoir été tissé et teint dans une autre région du monde où les lois ne protègent ni les hommes ni l’environnement. Aujourd’hui, il existe tout de même des labels qui permettent de garantir une production étique et écologique comme GOTS (GLOBAL ORGANIC TEXTILE STANDARD) contrôlant avec rigueur les différentes étapes de la chaîne de production, y compris en ce qui concerne des effluents industriels : « Les eaux usées de toutes les unités de traitement par voie humide sont traitées dans une Station de Traitement des Effluents (ETP) fonctionnelle, interne ou externe. Étant donné que les lois varient dans le monde, l'exigence légale, la plus stricte - qu'il s'agisse des lois locales ou des critères GOTS - s'applique. Les critères comprennent le pH, la température, la teneur organique totale, la demande biologique en oxygène, la demande chimique en oxygène, la décoloration, etc. »
En conclusion, il est déjà compliqué d’avoir une traçabilité sur la provenance de nos textiles, et donc encore moins des conditions dans lesquelles ont été fabriquées les fibres et l’impact réel que celui-ci a eu sur l’environnement. On peut tout de même se tourner vers des labels qui contrôlent en partie la chaîne, tout en gardant en tête que certaines régions du monde sont beaucoup moins favorisées en termes de réglementation concernant notamment les effluents d’usine.
Sources:
- Label Gots
- Les colorants textiles sources de contamination de l’eau : CRIBLAGE de la toxicité et des méthodes de traitement
Les effluents industriels et leur traitement par Hayet Djelal, Maité Rigail, Luc Boyer Dans Management & Avenir 2008/6 (n° 20), pages 275 à 288 - Documentaire : Riverblue
- Suez
- Article: Impact des teintures textiles sur la santé et l'environnement
- www.textile-technique.com
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Une fois que la fibre a été fabriquée, tissée ou tricotée puis ennoblie, elle ne lui reste plus qu’à être confectionnée. Il est très courant que cette étape ne soit pas effectuée dans le pays de fabrication du textile.
En théorie, il y a peu de consommation d’eau à cette étape, mais il y a toujours des exceptions. Certaines interventions peuvent également avoir lieu après confection du vêtement comme le délavage avec la technique « stone wash » par exemple.
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